Friday, March 30, 2007

Valiha Style

Peut-être ne les connaissez-vous pas ; ils s’appellent Rajery, Doné, Justin… et ils sont stars à Madagascar et ailleurs. Leur talent : l’extrême dextérité et la subtilité de leur style musical à l’instrument typique des hautes terres de la grande île : le valiha. Découverte d’un instrument pas comme les autres…

Comme plein de choses à Madagascar, les origines du valiha, cette sorte de cithare tubulaire en bambou, sont Indonésiennes. Selon le style de jeu, ça peut sonner comme des instruments Chinois ou Japonais. A la base les cordes étaient issues du bois de l’instrument, mais maintenant les cordes sont en acier, ce qui enlève le côté étouffé à l’ancienne et rend une sonorité plus métallique qui s’adapte bien à l’amplification et l’utilisation moderne du valiha, au grand damne des nostalgiques qui préfèrent la folk romantique et intimiste au rock-trad malgache… Il faut dire qu’il est classé parmi les instruments traditionnels.

Les stars de valiha sont des gars simples, des amoureux de la musique traditionnelle et sont très fiers de porter le patrimoine culturel de leur région. Il faut aussi dire qu’à l’époque royale, l’instrument était voué à l’usage des nobles uniquement ; donc sa pratique est symboliquement forte – même si le valiha s’est popularisé. Désormais, dans les campagnes de la république malgache, on en joue pour les fêtes familiales, religieuses ou cultuelles.

Côté technique, on joue à deux mains en pinçant les cordes avec les doigts. Les pros se laissent pousser les ongles, c’est plus facile et ça sonne mieux. Comme ça n’est pas une guitare, ni une cithare très évoluée, le valiha n’offre qu’une tonalité pour faire la première ou la deuxième voix dans un groupe ou pour accompagner les chants. 
Les artisants spécialisés dans la fabrication de valiha donnent chacun un nom à leur instrument selon la forme qu'ils lui ont donnée. Par exemple, le valiha qui a la forme d'une valise est appelée « valiha vata », celui qui a la forme d'une pirogue, « valiha lakana ». La section du bambou a été même parfois agrandie pour avoir un gros valiha ou un valiha géant (donnant une palette de tonalités plus graves). Aujourd’hui quelques luthiers en Europe et aux USA font des variantes en bois et en fibre de carbone. 

D’autre part le valiha a aussi évolué et on peut maintenant trouver de la valiha chromatique. Enfin, on ne va pas vous ennuyer avec les trucs de zicos…

Pour tenir la valiha, vous pouvez faire comme la dame de la photo, en le posant sur les jambes ou encore en le coinçant sous l’aisselle. Évidemment, il existe des sangles ou des astuces pour permettre un confort de jeu idéal. Les pros sont tellement à l’aise qu’au lieu de pincer les cordes ils les frôlent à peine…

Présent au cœur des cérémonies religieuses et des séances de guérison par spiritisme, le valiha tirerait son nom du mot "valahara" qui signifie à la fois l'enceinte et le créateur. Selon Rajery, un grand joueur : "Elle est l'enceinte de Dieu, l'instrument de la vérité." Le valiha s’est infiltré partout dans l’univers musical de l'île : le Tsapiky du Sud, le Saleguy du Nord, les airs envoûtants Sakalava. Les ambassadeurs da la musique malgache sont nombreux. Parmi les plus connus en France, Justin Vali (pas mal le nom). Signé chez Label Bleu, Real Word records, l’artiste rivalise de créativité avec son collègues Rajery, qui lui passe un peu plus de temps à Madagascar.

Quoi qu’il en soit, vous trouverez suffisamment de CD de valiha chez votre disquaire préféré pour vous faire une idée des sonorités de l’instrument. En quelques sortes vous pourrez préparer vos oreilles à la beauté de la grande île qui, décidément, n’en finit pas de nous charmer les sens…

be*mot © 2007

No comments: